Un bobo, des bobards Explosion de la biodiversité cultivée. Vous avez dit monoculture ?
De loin, rien ne ressemble plus à un épi de blé qu’un autre épi de blé. De même pour un épi de maïs ou une fleur de tournesol. Pourtant, à y regarder de plus près, pas moins de 256 variétés de blé, 247 de betterave et 975 de maïs sont actuellement inscrites au catalogue français ! Un article extrait du Terre-net Magazine n°5.
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Sur la période 1985-2007, le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants) a étudié, pour huit espèces de grandes cultures, l’évolution de la diversité variétale mise à disposition des agriculteurs.
Selon Philippe Silhol, du service études et statistiques du Gnis, les ventes de semences permettent d’évaluer l’importance du flux annuel de nouvelles variétés par espèce. En parallèle, l’analyse du progrès génétique, réalisée par diverses structures comme l’Inra ou Arvalis-Institut du végétal, donne une idée de l’évolution de leurs qualités intrinsèques.
Atomisation du marché du maïs
En blé, le nombre de variétés disponibles s’est fortement accru. En même temps, la surface couverte par les plus commercialisées s’est bien réduite. Philippe Silhol explique que « de près de 90 % au début des années 80, la part de marché des dix blés les plus utilisés est passée à 50 % en 2007 ».
Cette tendance s’observe pour toutes les variétés, particulièrement pour le maïs. « Le paysage génétique du maïs connaît une véritable atomisation. Le marché de cette culture est très concurrentiel, de nombreux semenciers y interviennent et la segmentation géographique joue un rôle important. En 1990, les dix premières variétés recouvraient plus de 50 % des surfaces. En 2007, elles n’en occupaient que 13 %. »
Les inscriptions progressent
Ces chiffres illustrent la hausse constante de la part des variétés utilisées sur de petites surfaces. Quelle que soit l’espèce, elles représentent plus de 40 % des variétés et jusqu’à près de 80 % en pommes de terre. « Les variétés inscrites au catalogue répondent de plus en plus à des marchés de niche. »
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Des variétés mieux adaptées
« L’agriculture française a connu une période de forte intensification dans les années 70, poursuit Philippe Silhol. L’essor de l’industrie a conduit à une segmentation de l’offre variétale. Les exploitations se sont agrandies favorisant le semis de quatre à cinq variétés, au lieu d’une ou deux auparavant. Ceci afin d’adapter la culture à l’hétérogénéité des sols, de répartir les risques en jouant sur la précocité et d’améliorer la résistance aux maladies. »
Les études qualitatives montrent d’ailleurs que les variétés modernes se comportent mieux que les variétés anciennes face aux contraintes de leur environnement. Philippe Silhol confirme que les blés actuels sont plus rustiques que leurs prédécesseurs. Ainsi, le progrès génétique permet aux rendements de blé, première production céréalière, de se maintenir malgré les impacts négatifs de facteurs extérieurs.
Philippe Silhol constate malgré tout un appauvrissement de la diversité des espèces cultivées, souvent au profit du blé. Il évoque la réduction des hectares d’avoine, de seigle, de sorgho, « dommageable au niveau agronomique mais logique finalement en l’absence de marché… ».
Cet article est extrait de Terre-net Magazine n°5. Si vous ne l'avez pas reçu chez vous, retrouvez Terre-net Magazine en ligne en cliquant ICI.
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